18/01/2021 - Pourquoi écrire si personne ne lit ?
En 2009, le
New York Times titrait «
Les investisseurs n’accordent que peu d’attention aux plans d’affaires ». Dans un article signé par Brent Bowers(1), le quotidien américain rendait compte des conclusions d’une étude portant sur 722 demandes de financement adressées à des capitaux-risqueurs.
«
Les plans d’affaires n’ont aucune importance, personne ne les lit » déclaraient les auteurs de l’étude, trois chercheurs de l’université du Maryland(2). Dans le même article, Jeff Fagnan, general partner chez
Atlas Venture (Waltham, MA) renchérissait, affirmant ne jamais avoir financé d’entrepreneur qui fut entré dans son bureau avec un plan d’affaires en main. «
L’essentiel de l’information qu’on y trouve, les prévisions financières à cinq ans, etc., tout ça n’a aucun intérêt » expliquait-il.
Plus de dix ans après cette publication, on peut sans risque faire l’hypothèse que cette tendance n’a pu que se renforcer. La préparation d’un plan d’affaires ne serait-elle qu’un exercice formel et vide de sens ? L’objectif des
Documents du succès serait-il illusoire ? Ce serait mal comprendre cet objectif que de répondre par l’affirmative.
Cet objectif est en effet tout entier résumé dans la célèbre citation d’Emmanuel Berl: «
Je n’écris pas pour dire ce que je pense, mais pour le savoir ». Pour le paraphraser et transposer effrontément son propos sur le terrain qui nous intéresse ici, je n’écris pas un plan d’affaires pour dire ce que je projette, mais pour préciser, approfondir et mûrir ma réflexion sur mon propre projet.
Comment se préparer efficacement à faire avancer votre projet ? Comment trouver les quelques mots qui casseront la glace avec votre interlocuteur ? Comment condenser le projet de votre vie en une seule page ? Comment préparer votre rencontre avec les sponsors ou des partenaires potentiels et anticiper leurs questions ? Chacun le sait ou le pressent, l’effort à consentir pour produire une page de texte pertinent est infiniment plus important que celui qui est nécessaire pour un dossier de cinquante pages, qui ne sera peut-être jamais lu...
C’est un défi intellectuel passionnant.
Votre projet le mérite, votre projet le nécessite.
Références :
1. Bowers, B. (2009) Investors Pay Business Plans Little Heed, Study Finds,
The New York Times
2. Kirsch, D., Goldfarb, B. and Gera, A. (2009) Form or substance: the role of business plans in venture capital decision making.
Strat. Mgmt. J., 30: 487–515. doi: 10.1002/smj.751